Sommaire

Résumé

Cet ouvrage collectif est le fruit d’un colloque scientifique organisé par l’Association française de sociologie des religions (AFSR), en février 1992, dont le thème était « la religion des jeunes » (et plus précisément des jeunes Français). Coordonné par Yves Lambert et Guy Michelat, ce colloque avait pour vocation de rassembler durant deux jours plusieurs universitaires (sociologues, psychologues, politologues et historiens) pour réaliser un vaste état des lieux des croyances et pratiques spécifiques de la jeune génération française. Cet ouvrage en constitue les actes et donne ainsi accès aux versions remaniées des 14 communications de ce colloque, mises en perspective par trois textes conclusifs.

L’ouvrage s’ouvre par une introduction des deux coordinateurs de ce colloque, sous forme d’état des lieux. Il se découpe ensuite en quatre chapitres thématiques. Le premier traite des données statistiques concernant les pratiques et croyances religieuses des jeunes (Y. Lambert, G. Michelat, F. Champion). Il met également l’accent sur le statut de l’adolescent (O. Galland). Le second chapitre regroupe les communications ayant trait à une population particulière : les lycéens (A. Muxel), les jeunes de banlieue (S. Strudel), les jeunes protestants réformés (P. Bréchon), les étudiants maghrébins (M. Ababou) et les étudiants se déclarant sans religion (S. Denèfle). Le troisième chapitre est consacré aux représentations de Dieu chez les jeunes. Ces enquêtes qualitatives portent sur la façon dont les jeunes se réapproprient les discours des Églises et se composent un Dieu à leur mesure, entre transcendance et immanence (J. Potel, P. Cousin, Y. Lambert). Le quatrième chapitre, traite de plusieurs organisations collectives (« Mouvements et groupes ») en rassemblant les textes de F. Champion (Mouvement eucharistique des jeunes), de Ph. Laneyrie (Scouts de France) et J. Nizey (Jeunesse ouvrière chrétienne). L’ouvrage se conclut par trois mises en perspectives depuis l’étranger, avec les contributions de R. J. Campiche (Suisse), G. Davie (Grande-Bretagne) et L. Voyé (Belgique), ce qui permet de replacer les observations des différents auteurs dans le contexte plus général de la religiosité des jeunes en Europe.

Le constat qui s’impose dès l’introduction de l’ouvrage, est celui d’une baisse générale de l’intégration des jeunes dans les religions. Qu’il s’agisse du sentiment d’appartenance, du taux de pratique ou de l’affirmation de certitudes religieuses, un affaiblissement est clairement mis en évidence, autant sur le plan diachronique que sur le plan intergénérationnel : « les effets d’âge s’ajoutent aux effets de génération » (p. 5). Attrait pour les croyances parallèles, difficultés de transmission et tendance au relativisme et à l’individualisme constituent autant d’éléments explicatifs de cet état de fait. Pour les auteurs, ces traits ne sont cependant pas spécifiques aux jeunes mais seulement encore plus accusés chez eux. Partout en Europe, la sécularisation progresse. Cette étude centrée sur la jeune génération française met bien en évidence l’existence d’une « méfiance envers les modèles tout faits, les vérités définitives, les principes intangibles, qui doivent du moins se soumettre à l’épreuve du ressenti et à la volonté d’indépendance » (p. 12). Cette préférence pour l’expérimentation au détriment de la référence à une tradition, n’annonce cependant pas nécessairement la sortie définitive de la religion ; elle doit bien plutôt être envisagée comme la généralisation d’un nouveau rapport entre les jeunes et la religion.

Points forts

• Grâce à ses nombreuses contributions, l’ouvrage aborde le thème « jeunes et religions » suivant plusieurs aspects et permet ainsi une consultation ciblée.

• Cet ouvrage fait le point sur les données statistiques disponibles en 1992.

• Les auteurs évitent toute « prédiction » et cherchent à demeurer au plus proche des observations empiriques pour dresser un état des lieux exhaustif des rapports entretenus par la jeune génération française avec les religions.

LAS