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Les Grecs et leurs dieux, pratiques et représentations religieuses dans la cité à l’époque classique

Par Braesch Judith
BRUIT ZAIDMAN Louise, Les Grecs et leurs dieux, pratiques et représentations religieuses dans la cité à l’époque classique, Paris, Armand Colin, 2005, 198 p.

Sommaire

Résumé

Dans cet ouvrage, l’auteur se propose d’étudier la vie religieuse des cités grecques en partant de l’expérience du religieux telle qu’elle était vécue par les individus. La religion, présente dans la vie des anciens Grecs dès leur plus jeune âge, jouait un rôle important dans toutes les étapes franchies par l’individu pour s’intégrer à la communauté. Les rapports des hommes aux dieux se manifestaient par une grande diversité de pratiques : sacrifices, oracles, prières… Pour donner plus de corps à son propos et l’ancrer dans la réalité des anciens, l’auteur l’illustre systématiquement de nombreux textes et documents d’époque.

Après une introduction dans laquelle l’auteur explique sa démarche et présente ses sources, l’ouvrage se divise en 7 chapitres.

Dans les deux premiers chapitres, l’auteur présente, en procédant par échelles, la religion telle qu’elle était pratiquée et vécue dans les différents cadres d’intégration de l’individu au groupe.

Dans le chapitre 1 sont abordés les rites pratiqués au sein de l’oikos (foyer au sens large) c’est-à-dire la religion domestique (rite d’intégration du nouveau-né au foyer, cérémonie d’introduction d’un nouvel esclave), mais également les rites sous-tendant les rapports de l’oikos avec l’extérieur (mariage, cérémonie d’hospitalité envers un étranger...). On s’aperçoit alors que la pratique religieuse vient renforcer et légitimer la pratique sociale.

Dans le chapitre 2 sont évoqués les rites pratiqués au sein de la communauté élargie, dème ou cité. Célébrés à date régulière, ils commémorent un événement important pour la communauté et mettent à l’honneur une ou plusieurs divinités. Ils sont l’occasion de fêtes pouvant s’étaler sur plusieurs jours, qui rappellent à chacun l’unité de la communauté locale, civique ou panhéllénique. Les fêtes scandant le calendrier religieux sont d’autant plus nombreuses que les Grecs n’hésitent pas à intégrer régulièrement des dieux étrangers à leur panthéon (ainsi de la déesse thrace Bendis, célébrée à Athènes lors des Bendidéia).

Dans les chapitres suivants (3 et 4) sont présentées des pratiques moins systématiques : l’interrogation des dieux par l’oracle ou la visite à un sanctuaire de guérison répondent à des besoins déterminés. Toutes deux sont des pratiques courantes et reconnues comme efficaces. Elles ont lieu dans des sanctuaires spécifiques ayant souvent un rayonnement panhellénique.

Le recours à la divination intervient principalement lorsque l’individu se retrouve face une situation qui lui apparaît comme insoluble et nécessitant le conseil avisé des dieux (par exemple l’oracle de Zeus à Dodone). Effectuée par des prêtres spécialisés, elle repose sur la croyance que les dieux s’intéressent au sort des hommes et communiquent avec eux à travers des signes ou des paroles souvent obscures, que les prêtres sont chargés d’interpréter.

La même croyance sous-tend les pratiques de guérison. Si de nombreuses divinités sont dotées d’une dimension guérisseuse (Apollon etc..), celle-ci apparaît plus développée chez le dieu Asclépios, patron de la plupart des sanctuaires de guérison. La médecine rituelle reste un recours durant toute l’Antiquité, et ce, malgré l’avènement de la médecine rationnelle « hippocratique » au Ve siècle av. J.-C. : les deux pratiques, loin de se concurrencer, se superposent et se complètent.

Dans le chapitre 5, l’auteur aborde la question de l’au-delà. Si les morts sont strictement séparés des vivants par des pratiques spécifiques, les inscriptions commémoratives, les fêtes et rituels en leur honneur ou leur présence dans la littérature, attestent de leur importance dans l’imaginaire et le quotidien des vivants. Par ailleurs, le succès des cultes à mystères, fondés sur des rites initiatiques à dimension eschatologique, semble avoir contribué à diffuser des croyances nouvelles sur l’au-delà, sur lesquelles nos connaissances sont encore limitées.

Enfin, dans les deux derniers chapitres (6 et 7), l’auteur revient sur la conception que les Grecs avaient de leurs dieux et sur les rapports qu’ils entretenaient avec eux.

Fondées sur le principe du don/contre-don, les relations entre les hommes et les dieux supposent, pour que les seconds soient bienveillants et apportent la prospérité, que les premiers soient animés d’un sentiment de piété et de crainte et respectent les comportements rituels fixés par la tradition. Toute dérogeance à cette règle entraine la colère des dieux, qui peut se manifester par le fléau, la disgrâce ou la mort. Redoutables par nature, les dieux ne sont pourtant ni bons ni méchants : les Grecs ne conçoivent pas le mal absolu, et la punition divine répond souvent à une faute humaine qui vient briser le lien humain/divin.

De fait, la communication avec les dieux, gage d’ordre et de justice, est vitale pour les hommes et les cités. Elle s’effectue à tous les niveaux de la société par diverses pratiques : prières, offrandes, sacrifices, et contribue à relier l’individu aux dieux et à la communauté.

Points forts

  • Le présent ouvrage a le mérite d’être à la fois synthétique, clairement présenté, et relativement exhaustif dans son passage en revue des divers aspects de la religion grecque.

  • Le recours systématique à de nombreux documents d’époque permet de proposer au lecteur non pas un discours désincarné sur la religion des anciens grecs, mais une approche subjective qui replace l’objet dans son contexte initial et l’éclaire du regard des contemporains.

  • Il constitue une excellente base pour débuter l’étude de la religion grecque.

J. B.

NOTES DE BAS DE PAGE
Index, liste des figures, liste des auteurs anciens et des textes cités, notices bibliographiques, carte, illustrations
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Panthéon, Dème
Domaines religieux : Polythéismes antiques, Polythéismes antiques : Religions de la Grèce et de l’Égée
Guide des ressources : Information : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Bruit Zaidman Louise, Les Grecs et leurs dieux, pratiques et représentations religieuses dans la cité à l’époque classique » Armand Colin, 2010, 198p., , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/grecs-leurs-dieux-pratiques-representations

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